Gerade noch hatte ich mich nach langer Zeit wieder in die alte (und wieder von Warner herausgegebene) EMI-Aufnahme des originalsprachigen Guillaume Tell Rossinis gestürzt und wie schon so oft die Authentizität der Stimme von Gabriel Bacquier im angestammten Fach angemerkt – welche idiomatische Diktion, was für eine absolut fabelhafte Gesangstechnik, eine Präsentation der französischen Sprache, die die Konsonanten klingen lässt und die das alte Vorurteil widerlegt, Französisch ließe sich nicht gut singen. Diese fast schon überdimensionale Gestalt des zupackenden Tell, dieser Patriot mit Tatkraft, Entschlossenheit und Humor, mit Liebe zum Vaterland, zur Familie und zur Wahrheit ist eines der großen Opern-Rollenportraits für mich, nicht nur für die Kunst Gabriel Bacquiers (* 17. Mai 1924 in Béziers, Département Hérault; † 13. Mai 2020), der dieser Tage verstarb. Auch mit ihm geht eine Ära des Gesangs zu Ende, nicht nur die des französischen, denn außer (dem Belgier) José van Dam und wenigen anderen stand Bacquier für die erfolgreichen Francophonen im Ausland, wie man sie heute nicht mehr findet. Wie seine Kollegen Massard, Blanc oder auch Crespin und Gorr (ebenfalls Belgierin) gehörte er zu den Gesuchten seiner Sprache an den internationalen Häusern, namentlich auch an der Met, während man andere Franzosen im internationalen Geschäft eher selten antrifft. Woran nicht zuletzt die Pariser Oper unter Liebermann schuld war, der die altgedienten Künstler des Landers bei Amtsantritt als Intrendant in die Provinz drängte. Régine Crespin ist ein bezeichnendes Beispiel für diesen Karrierebruch.
France Musique hat am 13. Mai 2020 des großen Sohnes des Landes, Gabriel Bacquier, gedacht und eine bemerkenswerte Hommage mit vielen Ausschnitten aus seinen Aufnahmen und auch Auftritten bei den verschiedenen Festivals gesendet. Nachstehend der Text des Beitrags auf der website der Radioanstalt (en francais, bien sur). Ein bedeutender Sänger ist von uns gegangen, und die Welt der französischen Stimmen ist ärmer geworden. RiP. G. H.
Mort de Gabriel Bacquier, l’un des plus grands barytons français: L’un des baryton-basses français les plus estimés du XXe siècle vient de nous quitter. Grand interprète de Mozart, il s’est produit sur les plus belles scènes lyriques du monde. Il aurait eu 96 ans ce dimanche. «Gabriel Bacquier ne joue pas. Il ne chante pas. Il est l’Opéra », écrit le journaliste Jean Cotté à propos Gabriel Bacquier, l’une des grandes voix d’opéra de l’hexagone qui nous a quittés ce mercredi 13 mai à son domicile de Lestre dans la Manche. Le Théâtre du Capitole de Toulouse a rendu publique la nouvelle via son compte Twitter en saluant „la disparition d’un immense baryton“.
Il a activement fréquenté la maison d’opéra toulousaine, en s’y produisant quasiment à chaque saison des années 1960 aux années 1990. Il y a fait plusieurs prises de rôles dont Boris Godunov. „C’était un personnage haut en couleur, témoigne Christophe Ghristi, directeur artistique du Théâtre du Capitole. Une personnalité du sud qui avait une présence animale sur scène. Il était l’un des rares chanteurs français de cette époque à avoir eu une telle carrière internationale“.
Christophe Ghristi rappelle également les nombreuses collaborations entre le baryton et Michel Plasson, qui a dirigé l’Orchestre national du Capitole pendant près de 40 ans.
Né à Béziers le 17 mai 1924, Gabrial Bacquier est initié très jeune à l’art du chant lyrique et de l’opéra par la collection d’enregistrements de son père. Initialement attiré par le dessin, il décide de s’inscrire à l’école des Beaux-arts de Montpellier. Durant l’Occupation, Bacquier entre aux chemins de fer afin d’éviter le Service du Travail Obligatoire. Dans ses heures perdues, il poursuit des cours de chant avec Madame Bastard, professeur vocal de Béziers. Il fera ses débuts à Béziers en tant qu’Ourrias dans l’opéra Mireille de Gounod.
En 1945, à la sortie de la Seconde Guerre mondiale et sous les encouragements de son professeur, Bacquier se présente au Conservatoire CNSM de Paris, d’où il ressort cinq ans plus tard diplômé avec un premier prix. Dès 1949, Bacquier intègre la troupe de l’Opéra de Nice, où il affirme avoir réellement découvert et appris le métier de chanteur lyrique. Diplômé en 1950, il chante des concerts d’opérette au cabaret et dans des salles de cinéma avec la troupe de José Beckmans, avant de rejoindre en 1953 la troupe de La Monnaie de Bruxelles.
Il y rencontre la chanteuse Martha Angelici, vedette de l’Opéra-Comique de Paris qui conseille à Bacquier de s’y présenter. Chose faite en 1956 lorsqu’il rejoint la troupe de la Réunion des Théâtres Lyriques Nationaux, qui regroupe l’Opéra-Comique et l’Opéra de Paris. Il y fait ses débuts respectivement en chantant les rôles de Sharpless dans Madame Butterfly de Puccini en 1956 et Germont dans La Traviata de Verdi en 1958.
Gabriel Dussurget, alors directeur artistique de l’Opéra de Paris et fondateur du festival d’Aix-en-Provence, propose à Bacquier le rôle de Scarpia dans Tosca puis le prestigieux rôle de Don Giovanni en 1960. Cette prestation triomphale au festival d’Aix-en-Provence sera captée et diffusée en Eurovision à plusieurs milliers de spectateurs européens qui découvriront les talents lyriques de Gabriel Bacquier ; le premier grand succès du chanteur et le début d’une longue relation fructueuse avec le festival.
Sa carrière lancée, les portes des plus grandes salles d’opéra au monde s’ouvrent à Bacquier, notamment le Lyric Opera de Chicago, le Carnegie Hall et le Metropolitan Opera de New York (où il restera à l’affiche pendant 18 saisons), le Royal Opera House et Covent Garden de Londres, le festival Glyndebourne et l’Opéra d’État de Vienne. Malgré cette renommée internationale, Bacquier reste tout d’abord un chanteur français, et se présente régulièrement sur ses scènes : il mettra d’ailleurs fin à sa carrière en 1994 à l’Opéra-Comique, l’une des premières grandes scènes à l’accueillir.
Interprète polyvalent dont la carrière s’inscrit dans la lignée prestigieuse d’autres voix légendaires telles que Tito Gobbi, Hermann Prey, Fiodor Chaliapine, et Giuseppe Taddei, Gabriel Bacquier s’intéressera non seulement à l’opéra tragique et comique, à l’opérette, et à la mélodie française, mais aussi aux œuvres contemporaines de compositeurs tels que Giancarlo Menotti, Maurice Thiriet, Jean-Michel Damase et Jean-Yves Daniel-Lesur.
Depuis 2001, Bacquier continue à partager sa passion en tant que professeur au Conservatoire de Paris et à l’Académie de Monaco. S’il affirme en 2019 de manière enjouée au micro de France Musique que « je ne suis personne aujourd’hui », le baryton-basse est loin d’être passé inaperçu dans le monde de l’art lyrique français. (France Musique/ Publié le mercredi 13 mai 2020/ Foto Melancon/ Met Opera Archive/ Künstlerfoto)